mercredi 31 janvier 2018

Une journée sur la Côte Amalfitaine!




J’adore les bords de mer, les corniches escarpées au-dessus du grand bleu. J’ai toujours adoré les parcourir. Sentir le sable sous mes pieds sur les plages, c’est le top, mais en voiture sur les côtes ce n’est pas mal non plus. Des fois je suis prête à prolonger ma route, faire des détours extravagants, juste pour ce plaisir.

Sur la côte basque, par exemple, c’est devenue la règle : nous sortons toujours de l’autoroute quelque part vers Lekeitio et nous continuons notre route vers San Sébastian sur la splendide BI-3438, qui longe la corniche au-dessus des falaises abruptes bordées des forets d'eucalyptus descendant jusqu'à la mer. 

Bref, tout ça pour dire que pour moi, la perspective de passer une journée entière en parcourant une route côtière, c’était déjà exaltante. Alors cette route côtière-ci, vue sa renommée qui l'a fait entrer dans le club exclusif des sites inscrits sur la liste du  patrimoine UNESCO…!

Et je dois dire d’amblée que je n’étais pas déçue! Dès la première courbe sur Amalfi Drive (SS145) où nous avons pu apercevoir la mer, radieuse sous le doux soleil de septembre, on entendait de partout dans le bus des exclamations, des Oh La La spontanées et sincères. Notre guide n’a même pas besoin de nous les commander… mdr…

Nous nous arrêtons une première fois dans une aire de repos au-dessus de la plage de Tordigliano (spaigia di) pour bien admirer l’archipel des Galli avec ses trois ilots, Gallo Lungo , La Rotonda, et Castelluccio, où dans l’antiquité habitaient les sirènes et plus récemment, Rudolf Noureev, celui-ci dans la superbe villa embellie par Le Corbusier que vous pouvez admirer sur internet, où même louer maintenant, si ça vous intéresse. 😏

Un deuxième arrêt juste avant Positano, au numéro 255 sur Amalfi Drive : heureusement que les Italiens ont bien fait les choses, car déjà circuler sur cette route c’est vachement difficile, alors si en plus chaque voiture s’arrêt n’importe où, je vous dis pas la catastrophe !

Et à propos de la route, voilà le moment venu de se dire qu’on a bien fait de prendre un voyage organisé, car avec toute cette foule des voitures ça doit être une vrai galère pour un chauffeur lambda, pour ne pas parler du fait que lui, le pauvre, n’aurait pu rien voir du paysage, sinon les autres voitures et le macadam…

Bon, ceci dit, le paysage était vraiment époustouflant, avec la corniche au-dessus des falaises abruptes, tout au fond  la mer bleu-turquoise strié par le blanc éclatant des vagues qui éclaboussent les rochers, avec les maisons d’une blancheur de chaux grimpant infatigablement vers les pentes de la montagne ou dégringolaient courageusement vers la mer, protégées contre les attaques des pirates sarrasins par des tours de garde construites au XIIe et XIII siècles.

A chaque virage, à chaque belvédère, on découvre des décors de rêve, des images de carte postale ou, comme j'aime souvent le dire,  des images de calendrier d'avent.

Ici ce ne sont pas que les forêts qui descendent vers la mer, comme sur la côte basque,  mais les maisons, souvent vraiment suspendues au-dessus des vagues. Et les jardins en terrasses, animés d’une végétation méditerranéenne exubérante : des cyprès, des palmiers, des bougainvilliers, des lantana… et aussi des oliviers, des orangers, des amandiers, de la vigne et surtout, surtout des citronniers, dont les fruits servent à la préparation de limonade et de desserts rafraîchissants comme le sorbet citron, des liqueurs (le célèbre limoncello), des gâteaux (le delizia al limone), des pâtes et même des savons…

Bien sûr, comme vous pouvez le voir dans les quelques photos que j’ai sélectionnés pour ce blog, je mitraillais tout le temps le paysage avec mon appareil photo, même si je savais pertinemment qu’avec le soleil en face et à travers les vitres du bus la qualité des photos va en pâtir…

Mais je ne voulais pas oublier ces belles églises, avec leurs dômes revêtus de tuiles en majolique jaune, verte et bleue, ces somptueuses villas à flanc de montagne et leurs jardins fleuris, ces tours de garde transformés en hôtels et ces rochers aux formes sculptées par les vents, dont La Madonnina, le rocher qui apparaît immédiatement après la Marina di Praia, la belle plage de Paraiano, qui ressemble vraiment à une madone avec l’enfant dans les bras.

Et au moins  maintenant, à l'aide de google.maps comme toujours, je peux suivre ma route et savoir par où nous avons passé: après Positano, le Saint Tropez de la mer Tyrrhénienne et ses yachts de luxe devant la Marina Grande, on voit grimpant à l’assaut des collines le village Montepertuso, puis on traverse la Vettica Maggiore, juste le temps d’admirer en vitesse les coupoles polychromes de l’église San Gennaro, puis Praiano, avec ses Torre Saracena et on arrive à Conca dei Marini.

Ici nous nous arrêtons devant l’hôtel restaurant La Conca Azzurra, à côté de la Grotte d’Emeraude, grotte que notre gentille guide m’a déconseillé de visiter. Et elle a bien fait, si je crois les avis des voyageurs sur les divers sites. Mais oui, mais je vous ai déjà dit dans mon message précèdent que cette guide là, notre guide de voyage,  était vraiment super : avec sa mère française, ce n’est pas étonnant, lol…

Un café et deux boucles d’oreilles  (en argent, aux corail orange saumon)  plus tard et nous continuons notre route. Pas pour longtemps, car après 20 minute et encore un tunnel, nous apercevons au-dessus des deux bâtiments blanches le clocher de la cathédrale d’Amalfi et derrière lui la montagne, coiffée par la tour de Ziro, un des ouvrages défensif de la période angevine de la ville. http://www.unescoamalficoast.it/it/beni/item/383-torre-dello-ziro



Enfin, ici nous sommes restés un peu plus longtemps. Nous avons pu ainsi visiter la superbe cathédrale, marcher un peu dans les ruelles de la ville, diner dans un restaurant et même prendre une glace à la Gioilleria Il Follaro, en contemplant la statue de Saint André et la façade de son église.

C’est vrai que la glace a dû entrer en courant dans nos ventres, car le serveur a tardé à nous servir. Même qu’il a fallu le bousculer un peu pour le faire !

La cathédrale est composée de plusieurs corps indépendants, liés les uns aux autres : la basilique de Saint Crucifix, construit avant 833, la cathédrale proprement dite, construite en 987, puis divisé en deux églises à l'époque baroque, le clocher commencé en 1180 et achevé en 1276, la Crypte, construite elle en 1206 pour recevoir les restes sacrés de Saint André, l'Apôtre et enfin le Cloître du Paradis, construit entre 1266 et 1268 ...

L’ensemble est un mélange de styles à cause des innombrables remaniements, restaurations et modes, mais c’est peut être exactement ça qui fait son charme. En tous cas, de mon point de vue, ce qui prédomine c’est le style baroque à l’intérieur et le style mauro-byzantin à l’extérieur, mais à vrai dire il y a de tout, et en tout cas, ce tout est somptueux, digne de la grandeur de la république maritime d’antan. Et j’ai du mal à comprendre ceux qui, en venant jusqu’ici, ne visite pas ce complexe religieux, car il faut dire que mon mari et moi, nous étions parmi les happy few qui ont daigné d’y entrer et je n’arrive pas à croire que c’était les 3 ou 5 euros qu’il fallait payer qui en étaient la cause!

Ceci dit, j’étais super-enchantée de le faire, car déjà, en nous trompant de chemin, nous sommes arrivé à un étage privé où nous avons fait une belle rencontre avec un Monsieur qui a eu la gentillesse non seulement d’excuser notre bavure, mais de me proposer de faire des photos, ce que m’a permis d’avoir des photos du cloitre vu d’en haut et aussi des belles photos du clocher et des environs. En plus, j’ai aussi une belle photo de ce jovial Monsieur, en souvenir, mais je ne la mets pas ici, hein…

Autrement, dans le cloitre, construit sur un ancien cimetière et dont la blanche architecture est un mélange d’un peu de gothique et de beaucoup de mauresque, à part le jardin « andalou » du centre, on peut admirer des belles fresques, des fragments de l’ancienne église romane et du sol de la cathédrale placés sur les murs et des sarcophages de l’époque romaine, réutilisés au Moyen Age et retrouvées sur place.

Depuis le cloître on avance vers la première église, la Basilique du Crucifix, qui abrite maintenant le musée diocésain d'Amalfi, où est exposée une partie du trésor de la cathédrale. On peut admirer dedans deux belles statues en bois du XIV siècle, la Madonna de l'Idria, et la Statue du Prophète Elia, un lambris d'autel en argent, une très belle fresque Madonna col Bambino du XVIe, des masques reliquaires et autre objets de culte en argent, un bas-relief en marbre représentant la Madone avec l’enfant entourée de saints André et Jean Baptiste, une crucifixion, œuvre baroque de Ippolito Borghese, huile sur toile datant du 1606…

Enfin, il y a beaucoup d’autres merveilles, dont je vous épargne les photos et la description, comme par exemple la Mitre Angioina de 1297, faite de pierres précieuses, d'or, d'émaux et d'un «pavé» de 19 000 perle ou la berline chinoise du siècle XVIII, venant de Macao…

Après avoir assez admiré le trésor, nous descendons vers la Crypte, construite pour recevoir le corps de Saint André apporté (volé) de Constantinople à la IVème croisade. En entrant, nous sommes éblouis par la splendeur de sa décoration baroque en marbre polychrome, avec des fresques sur les murs et au plafond, entourées des riches et élégantes broderies en stuc doré.

Sur l'autel, situé au-dessus de sa tombe se trouvent la statue en bronze de Saint André, réalisé par Michel-Ange Naccherino et les statues en marbre de Saint Lorenzo, œuvre du Pietro Bernini, (notre vieille connaissance de la fontaine Barcaccia de Rome) et celle de Saint Stefano, réalisé par un sculpteur local. Décidément, c’est la plus belle et joyeuse crypte que j’ai pu voir dans ma vie, surtout par rapport aux cryptes des églises romanes auvergnates que je vois tous les jours et qui ont depuis longtemps perdue leurs couleurs initiales (exception faisant l’église d’Issoire, parait-il, mais je ne l’ai pas encore visité). Car oui, les sombres églises de ma région actuelle étaient elles aussi colorées auparavant.

Enfin nous accédons à l’intérieur de la cathédrale. Lumineuse et colorée elle-aussi, décorée dans un style résolument baroque, toute en or et en marbres polychromes, avec un splendide plafond à caisson. Pareils pour l’autel principal où on distingue en plus deux anciennes colonnes en granit retrouvées dans les fouilles de Paestum.
Sur le mur on peut voir un grand tableau représentant Saint André sur la croix et au centre de la zone liturgique le nouvel autel, qui est en fait le sarcophage en marbre de l'archevêque Pietro Capuano, du XIVe siècle, sur les côtés duquel se trouvent deux candélabres en colonnes torsadées ornées de mosaïques du XIIIe siècle.

Parmi les autres objets de valeurs, dans une niche latérale il y a un buste reliquaire de Saint André en or, remplacée par la variante en argente ciselé pour les processions. Dans une autre niche il y a une piéta avec la statue de Jésus qui est transportée en procession dans la ville le soir du Vendredi Saint.

Les autres chapelles sont occupées par des œuvres du gothique et de la Renaissance. Ainsi, dans l’une d’elles, un groupe en bois représentant l’ «Apparition de l’Archange Saint Michel à San Felice », dans une autre, la Chapelle des reliques ou de la Réconciliation, sont gardées les reliques de beaucoup des Saints amenés à Amalfi avec le corps de Saint André, dans une troisième, les fonts baptismaux (une vasque ancienne en porphyre, provenant probablement d’une ancienne villa romaine) et, enfin, une délicate croix en nacre, un cadeau fait au Cardinal pour les dons effectués pour aider la ville de Jérusalem.

En ce qui concerne l’ancienne ville d’Amalfi, tout ce que je peux dire c’est qu’elle est terriblement romantique et intéressante pour les visiteurs, mais qu’il doit être très difficile à y vivre. Et non pas seulement à cause des innombrables touristes qui l’envahissent chaque jour, mais aussi par son architecture, avec ces maisons encastrés les une dans et sur les autres, comme pour se soutenir, avec ces rues, en fait des couloirs étroites, parfois en escalier. Regardez les photos, vous croyez que c’est facile pour ces deux femmes de descendre leur « rue » avec la poussette ? Et pensez qu’elle doit la remonter après !

Bon, ceci dit, je ne peux qu’admirer la volonté des habitants non seulement d’y habiter, mais aussi de maintenir et entretenir soigneusement cet héritage, qui reflète toute l’histoire de leur cité, avec l’adaptation super-intelligente de l’habitat à un environnement hostile. Et je ne pense pas seulement au relief, et à la catastrophe séismique de 1343, quand la falaise toute entière s’est écroulée et Amalfi s’est effondrée dans la mer, mais aussi à tous les envahisseurs venus par la mer, les pirates sarrasins en tête…

Nous reprenons notre route sur Amalfi Drive (j’aime cet anglicisme du googlemap, lol) en ignorant Ravello (la superbe !) : pas prévue dans notre programme. Au contraire, nous nous arrêtons, va savoir pourquoi, sur la place Matteotti à Vietri sur Mer, sans rien visiter, sinon les quelques magasins de faïence (célèbres) qui la bordent. Peut-être que les tours opérateurs ont un contrat avec la municipalité pour encourager la consommation ? En tout cas, je peux vous assurer que personne n’achetait : ben, déjà le retour en avion pouvait dissuader n’importe qui de le faire, quoique, si je pense, moi j’ai acheté une petite assiette à Capri quand même.

Après Vietri sur Mer  nous avons carrément quitté la côte, avec un dernier coup d’œil sur les cultures en terrasse, où les plantes hautes cachent souvent d’autres plantes plus basses, avec des choux aux pieds des citronniers et des tomates aux pieds des vignes, le climat et la fertilité du sol permettant cette joyeuse superposition.

Beaucoup disent que la route de Sorrente à Amalfi, cette Amalfi Drive, longe une de plus belle côte du monde, la côte des Dieux. Les Grecs, les Romains, les Ostrogoths, les Lombards, Paul KLEE, Somerset MAUGHAM…et moi et moi et moi… nous avons été tous fascinés par la beauté de ces paysages. Bref, cela restera un de mes meilleurs souvenirs de voyage et je ne perds pas l’espoir d’y revenir un jour… Qui sait ? C’était déjà si peu probable de venir, pourquoi pas revenir, alors ? 😜


Pompei
Rome2..à suivre